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Bản dịch tiếng Pháp truyện ngắn Tầng Trệt Thiên Đường
Bùi Hoằng Vị

Năm 2005 nxb Philippe Picquier (Pháp) phát hành tuyển tập truyện ngắn 14 tác giả Việt Nam, do dịch giả Đoàn Cầm Thi thực hiện, trong đó truyện Tầng Trệt Thiên Đường được chuyển ngữ thành Au-rez-de-chaussée du paradis (cũng là tựa chung cho sách ấy), và 2006 tuyển tập được trao giải Le Mot d’Or de la traduction của APFA (http://www.presse-francophone.org/apfa/apfa/traducti.htm / http://vietbao.vn/vi/Thong-tin/Dich-gia-van-hoc-Doan-Cam-Thi/2131856462/78); tuy nhiên, bản dịch có một số chỗ bị chệch nghĩa hoặc bị bỏ sót (đối chiếu với bản gốc @ bhvsg.blogspot.com/2008/11/tng-trt-thin-ng.html), không phải vì những chỗ ấy phức tạp khó dịch mà chỉ do thiếu hội ý giữa người dịch với người viết. Tôi chưa bao giờ đồng ý để người khác tùy tiện đổi một chi tiết trong sản phẩm mình, dù qua bản dịch cũng vậy. Mặc dù muộn, tôi (BHV) đề nghị nxb bỏ truyện ngắn đã nói ra khỏi sách, trừ khi những bất cập được họ khắc phục, ít ra cũng như văn bản dưới đây:

AU REZ-DE-CHAUSSÉE DU PARADIS

Đoàn Cầm Thi dịch 2005

(http://bhvsg.blogspot.com/2008/11/groundfloor-of-heaven.html

 

Au rez-de-chaussée. A l'intérieur d'une pièce. Le mobilier comprend une armoire placée contre le mur, un bureau près de l'armoire, et deux chaises face au bureau.

Deux êtres portent des ailes déchirées, si sales qu'on se demande s'ils ont jamais volé. L’un des deux, aux fesses énormes et terribles, est debout sur un coin du bureau. II se hausse sur la pointe des pieds pour se rapprocher d'un poste de radio made in Hell caché au sommet de l'armoire, qu'il écoute attentivement. De temps en temps, il se retourne et soupire. Son visage est très pâle, ses yeux cernés... L'autre être ailé, assis sur une chaise, écrit sans arrêt, la tête baissée... Ses mots se répandent à profusion, inondent le sol, submergent les égouts. A l’air lourd, s'ajoute l'odeur de rat, de cafard et d'ordure...

Je t'en prie, répète l'être resté debout, d'une voix sombre. Pourquoi écris-tu sans cesse?

L’autre ne répond pas, absorbé par son travail.

Non, continue le premier. C'est impossible! Je n'y crois pas.

Pardon? demande l'autre d'une voix distraite.

Je n'y crois pas.

Mais à quoi?

A cette joie! L’atmosphère d'en bas est censée être triste.

L'autre lève la tête, d'un air toujours distrait. La radio diffuse successivement les neuf stations de l’Enfer.

*

Soudain, l'homme dresse la tête lorsque la femme tourne le bouton pour chercher VOHell, la première station. Une symphonie de flatulences. Il cesse d'écrire, mais sans avoir l’air d'écouter, il regarde avec négligence un morceau de plâtre gris qui vient de tomber du mur à droite, entaché et constellé de graffitis à la craie et au charbon - Dieu, Love, Rai... - autour d’un dessin qui griffonne Dieu au visage à la fois respectable et suspect avec une auréole rouille. Oui, une auréole!

La symphonie s'arrête. Puis parvient une voix de speaker: Voici les dernières nouvelles! Nous venons de recevoir douze êtres ailés. L'un d'eux a expliqué qu'ils venaient des ombres d'un certain Paradis médiéval, d'un pays incomparablement triste. Ils étaient tous épuisés. Quelques-uns sont morts. Nous n'avons pas encore trouvé de mesure idoine pour améliorer le moral des survivants. Nous voudrions leur exprimer notre respect. Nous respectons toutes les douleurs du Paradis... L'homme bâille.

Un crépitement s'échappe du bouton de la radio. Elle cherche la deuxième station qui diffuse une dissertation: ... Enfin, la vocation la plus cruelle mais aussi la plus fidèle de la conscience est de trahir, et c'est par malheur le seul moyen de sauver la vérité... Il n'écoute toujours pas. Il s'intéresse soudain aux bruits provenant des étages supérieurs de l'immeuble: disputes, propos acerbes, cris, puis pleurs secs... Son regard retourne vers la fenêtre. Dehors, le vent souffle et entrâine avec lui la poussière. Le ciel est d'une couleur morne. Une tornade grise est suspendue quelque part, il le sait.

Troisième station. Des informations sur les découvertes scientifiques les plus récentes... Il y a peu, les... ont réussi une experience... Son oeil fixe la fenêtre pendant qu'il essaie d'imaginer quelque chose de sérieux, un laboratoire par exemple, des tubes de verre, des blouses blanches... Il fait un tel effort qu'il se sent fatigué. Enfin, il secoue la tête. De nouveau, il doit reconnaître qu'aucune image de ce genre ne peut survivre dans sa conscience. Mais ce n'est pas grave. Ces choses, si raisonnables soient-elles, ne le concernent pas, lui, assis ici au milieu d'un chaos étouffant qui empeste le rat, le cafard et l'ordure!

Le bouton de la radio grince de nouveau. Il se retourne avec enthousiasme. Quatrième station. Le cri intemporel. Il pose son stylo avec lassitude. C'est justement le mot qu'il ne veut pas entendre. Le temps!

Cinquième station. Informations de minuit. Encore le temps! Qu'est-ce que le temps? Est-ce cette durée mesurée par les fuseaux horaires, que les humains se contentent de dévorer? Il ne peut donc la partager avec eux. Ici, où il réside, jour et nuit, qu'il fasse beau ou qu'il pleuve, en saison peu chaude ou en saison très chaude [1], seule brille une lampe au plafond comme un oeil d'un jaune maladif qui est verticalement suspendu et [2] ne se ferme jamais. Sous cette lumière, chroniquement obsédante [3], il ne peut connaître l'heure. Que son temps soit illimité ou tordu, ou condensé, en quelque sorte, [4] il ne peut [5] pas l'exprimer par ce langage imparfait et vulgaire. Ce temps doit être experimenté [6] et interprété selon des critères transcendantaux, au-delà de sa conscience et de son imagination. Le temps! Voilà longtemps qu'il ne le sait plus!

Soudain, une information radiodiffusée attire son attention: On apprend qu'au rez-de-chaussée du Paradis, un être ailé simulant la douleur a composé des vers qui inondent tous les égouts... Elle se tourne vers lui.

On parle de toi, dit-elle avec un certain reproche. Les cernes de ses yeux se renforcent, semble-t-il.

Il écoute, mélancolique.

Non, ils se trompent. Ma douleur est réelle.

Puis toujours atrabilaire, il baisse la tête, l'oeil rivé sur l'écoulement infini des mots. Ils ne comprennent rien de ce qu'il fait. Tant pis, cela n'a aucune importance! Lorsqu'il écrit, il est le seul contrepoids au monde - il crée son propre monde...

Sixième station. Grincements répétés d'un lit. Souffles courts mélangés à des sifflements tendres et encourageants...

On dit aussi qu'en bas, les diablesses sont très belles. C'est vrai? demande-t-elle d'une voix aussi sombre qu'un gémissement.

Pas du tout, dit-il, la tête toujours baissée. II est prouvé qu'en bas, les êtres à queue [7] femelles restent plusieurs heures devant leur miroir à peindre et repeindre les contours des trous sur [8] leur visage à l'aide de produits de luxe. Ils doivent être bien laids.

Elle n'est pourtant pas rassurée. De ses doigts fébriles, elle tourne et retourne le bouton de la radio.

Septième station. Cliquetis de verres. Rires. Voeux. Une fête. Tchin-tchin! A l'occasion du 1991e anniversaire de... Il ne peut s'empêcher de regarder de nouveau dehors. Très loin, au fond de l'horizon, au-delà d'un désert, il existe un tertre nommé Tombeau de Dieu, mais lui ne l'a jamais appelé ainsi, choqué de le voir couvert de mauvaises herbes. Il pense toujours que ce monument aurait dû être construit en marbre, frais et silencieux, à l'ombre de bégonias.

Huitième station. Salves de rires...

*

Déçue, elle tourne puis retourne le bouton. Elle éclate en sanglots.

Non, je n'y crois pas, dit-elle, la tête contre l'armoire. Ses épaules tremblent.

Calme-toi, dit-il avec patience, en cherchant son stylo de manière inconsciente.

Il baisse la tête de nouveau et continue à écrire. Les mots coulent à flots. La plupart envahissent l'espace et inondent les égouts qui libèrent des odeurs de rat, de cafard et de... Le reste s'envole avec le vent et brille au milieu de la poussière. Dehors, une tornade est suspendue quelque part... Il fait lourd.

II aurait aimé qu'elle mette la neuvième station. Sans grand espoir. Elle ne l'écoute jamais, tout comme elle n'éteint jamais la radio pour avoir l'impression que le ronronnement dure à l’infini. De toute façon, c'est mieux comme ça, explique-t-elle. Je déteste la neuvième. Oui, il sait [9] bien qu'elle émet uniquement le Silence éternel. Mais lui, comme il aimerait l'écouter!

D'un étage supérieur, parvient une voix forte qui resonne en couvrant le ronron de la radio: Diantre! Tu t'étrangles de nouveau! Les autres sont capables d'avaler des tonnes d'enfer sans difficulté tandis que tu t'étouffes à cause d’une simple brisure de riz! Raz le bol…!

Il ne veut pas écouter et écrit sans cesse. Mais, hélas, il ne peut fermer ses oreilles. Voilà qu'elle revient à la septième...

Tonnerre de ronflements. La fête se termine déjà? murmure-t-il. Soudain retentit un morceau de l'Adagio... n° 14. C'est la sixième, n'est-ce pas? Mais avant qu'il ouvre la bouche, le bouton a été tourné. Il est sûr que c'etait la sixième. Les bruits ont cessé, ne demeure plus qu'une musique saignante, une lune saignante. Tout à coup, à travers la fenêtre, il voit les nuages au-dessus des champs de l'éternité. Ce n'est ni le printemps, ni l’été, ni... Quel rêve immortel caressent-ils? D'où viennent-ils? Il se sent soudain étranger...

La cinquième l'attire de nouveau par cette voix insistante: Jamais on n'a entendu ni n'entendra parler d'un suicide pareil, un suicide par poésie. Les flots de poésie s'élèvent, centimètre par centimètre, pour atteindre bientôt son menton, sa bouche, son nez. A la fin, on verra seulement les deux yeux grands ouverts qui s'immobiliseront, vides. Les vagues de poèmes cesseront de monter. Il faudra attendre longtemps pour que la poésie se retire complètement des égouts. Il ne restera que le poète, plaqué au sol, les ailes déchirées...

Ils parlent toujours de toi, dit-elle d'une voix sèche.

Non, répond-il en regardant son bureau. Il joue avec le stylo. Ils ne comprennent rien. Nous ne connaissons pas la mort. Cette notion n'a, par définition, aucun sens au Paradis.

Il joue toujours avec le stylo. Pourquoi ont-ils menti? Nul ne connaît l'endroit où il vit. Se suicider par poésie? Quelle drôle d'idée! Il n'a jamais composé de poéme. Il laisse seulement couler les mots, qui couvrent à peine le sol d'un centimètre, sans plus. Quant à lui, son existence est censée ne jamais s'arrêter.

Je t'en prie. Pourquoi écris-tu autant?

Je t'en prie aussi! [10] Répond-il d'une voix sèche. Je ne sais pas. Peut-il y avoir réponse plus sincère? De mêrne, que pourrait-il faire avec cet affreux stylo pour survivre aux formidables dimensions de l'éternité? Vraiment, il ne sait pas.

Il la voit se pincer les lèvres. Evidemment, ce n'est pas la première fois que cette question lui a été posée. Mais il faut oublier ces riens, puisqu'il est capable, par lui-même, d'être le seul contrepoids au monde, de se créer son proper...

Elle aussi, elle semble savoir oublier. En un instant, elle attrape une autre station, l'air indifférent.

La quatrième. Lecture de poème. Où est-il déjà, [11] Le cri intemporel? Et maintenant, c’est l’heure de poésie! [12]  S'élève une voix si pressante qu'il dresse les oreilles malgré lui.

... Il marche jusqu'à la ruelle, s'assoit sur un rocher et se met à pleurer. Pour lui-même et pour tout. Pour le ciel trop immense, pour les nuages trop bleus, pour le soleil trop brillant, pour les champs trop dorés, pour la rivière trop remplie, pour ceux qui passent furtivement, pour cette femme aux épaules trop fragiles et aux seins trop généreux, pour cet homme avec non seulement une démarche trop misérable mais aussi un pénis trop long... Ah, toutes les choses de la vie sont à la fois trop belles et trop pitoyables. Mais, comble de malheur, il ne comprend pas la raison de leur existence. Voilà qu'il pleure sans arrêt, et découvre soudain que les yeux sont une source intarissable.

Quelle infortune! Qui est cette créature inconnue capable de porter une si forte douleur, identique à la sienne? Ce poème, si court soit-il, le rend jaloux. Eh bien, contrairement à beaucoup d'autres chefs-d'œuvre qu'il a connus, qui sont inutilement longs et parfaits, inutilement intelligents et grandioses, et qui ne valent pas à peine pour lui de se rappeller…

Quel dommage qu'elle soit insensible à la poésie! Le bruit du bouton le lui rappelle... Puis la troisième station est de retour...

Toujours des dépêches sur les récentes découvertes... l'existence des trous noirs a été confirmée... La nature des trous noirs - un mystère paradoxal de la realité physique... Encore des choses serieuses mais qui ne le concernent pas, lui, ici, au milieu de ce chaos étouffant où se mêlent les odeurs de rat, de cafard et d'ordure, sous la double pression d'une tornade grise suspendue quelque part dehors et de cette unique lampe, allumée comme un oeil d'un jaune maladif, chroniquement obsédant [13], qui est verticalement suspendu et [14] ne se ferme jamais...

... De récentes études montrent que sous certaines conditions... le liquide de l’oeil ne coule pas sur les joues, mais... De nouveau, ces discours explosent sur un ton grave alors ne peut réprimer un bâillement, ce qu'il n'a jamais su faire a temps.

Pendant qu'il bâille, le bruit ne cesse de parvenir de la radio, même lorsque la deuxième diffuse comme d'habitude cette dissertation bizarre... Certes, l'énergie doit être dépensée pour différentes raisons, sous diverses formes. Mais il est dommage de l’utiliser dans le but de mémoriser les choses qui ne sont pas... ou de croire à quelque chose qui n'est pas... Oui, même lorsqu'il se retourne, par simple réflexe, pour regarder avec mélancolie à travers la fenêtre, le Tombeau de Dieu...

Comme il brûle de tourner le bouton vers la neuvième pour s'immerger dans ce Silence éternel qu'il n'a jamais entendu! Pourtant, il ne bouge pas, joue avec son stylo et bâille tranquillement. Enfin, il baisse la tête, s'absorbe de nouveau dans son écriture, laissant les flots de mots inonder l'espace, impétueusement...

Mais telle est peut-être la seule solution, et il y demeurera fidèle, malgré tout, malgré la radio dont le bouton, après avoir été tourné dans tous les sens, revient à la première où viennent juste de s'achever un bulletin d'informations, une dissertation, ou encore un poème, il n'en est plus sûr... et il ne restera plus que vous, mais vous pourrez accomplir votre mission qui est de témoigner du non-sens mystérieux et éternel de l'existence du Paradis... Et bien sûr, je me fiche de cette manière de finir, se dit-il.

 

Saigon, 02/1991

___________________________

Chú thích:

    1) Mười bốn tác giả trong tuyển tập Au Rez-de-chaussée du Paradis: Phan Thị Vàng Anh, Nguyễn Việt Hà, Võ Thị Xuân Hà, Vũ Quỳnh N.H., Phan Triều Hải, Đỗ Kh., Ngô Tự Lập, Nguyễn Trọng Nghĩa, Nguyễn Bình Phương, Phan Huyền Thư, Thuận, Nguyễn Ngọc Tú, Bùi Hoằng Vị, Trần Vũ.

    2) Trong văn bản trên, tôi gạch dưới (14 trong số) những chỗ đã sửa lại vì nxb Philippe Picquier (2005) dịch chệch nghĩa hoặc bỏ sót không dịch:

[1] mùa ít nóng hay mùa rất nóng → quelle que soit la temperature

[2] treo dọc  → Ø

[3] ám → hautaine

[4] hay co xoắn đậm đặc, theo cách nào đó → défini

[5] không thể  →  veut

[6] thể nghiệm  → prouvé

[7] những hữu thể có đuôi  →  Ø

[8] những lỗ thủng trên →  Ø

[9] Phải, anh biết (“anh” ngôi thứ ba giống đực số ít)  →Tu sait

[10] Anh van em  → Désolé

[11] Đã về đâu rồi → A-t-on déjà fini,  

[12] Và bây giờ, thì thơ! → Ø

[13] ám →  hautaine

[14] treo dọc →  Ø

 

 

 

Bùi Hoằng Vị
Số lần đọc: 3155
Ngày đăng: 09.10.2014
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